« J’ai envie d’entretenir l’idée que l’on peut encore faire quelque chose de ce monde »


Le mangaka Tony Valente, auteur de la série de mangas « Radiant », dans son atelier à Montréal (Canada), le 10 novembre 2023.

La dernière fois que nous l’avions rencontré, Tony Valente avait déjà réalisé un sacré exploit : être le premier mangaka français à voir sa série animée adaptée au Japon. C’était en 2018 et son manga Radiant (Ankama) célébrait ses 5 ans. Un accomplissement, une étape symbolique même. L’année 2023 signe la première décennie de son manga et le dépassement du million d’exemplaires vendus dans le monde (en plus de vingt langues, dont le japonais). Et ce mois de décembre marque la parution du 18e tome des aventures de Seth, Mélie, Doc, Ocoho et les autres sorciers à la recherche du Radiant qui mettra fin à leur malédiction.

La joie des débuts n’en reste pas moins intacte : « Cela m’étonne, parce que d’habitude je me lasse vite. Mais voir sur mon étagère tous ces volumes, une vraie grosse série, ça me fait quelque chose… », s’émeut Tony Valente, de passage à Paris début décembre pour souffler les bougies avec ses lecteurs et inaugurer un magasin éphémère à la gloire de sa série. Le mangaka français établi à Montréal (Canada) a bravé le décalage horaire pour un long entretien ponctué d’expressos dans un café du quartier Odéon, non loin de l’échoppe. « Avec le premier tome, il s’agissait du 10e album de BD que je faisais ; et pourtant, c’était la première fois que j’avais l’impression d’être arrivé à ce que je voulais faire. »

En dépit du manque de sommeil, il émane de Tony Valente une énergie quasi inextinguible. De celles qui lui font multiplier les voyages et les dédicaces dans le monde avec des files interminables de lecteurs, qui le font s’atteler en moyenne à deux albums par an – un rythme bien plus soutenu que celui de la majorité de ses confrères occidentaux. Une flamme dont le combustible est aussi la « pression ». « Je me souviens de ce que c’était avant Radiant, de n’avoir personne qui me lisait. J’ai la crainte que ce jour se manifeste à nouveau et que tout s’arrête à un moment. »

La peur fait fugacement vaciller la confiance que dégagent généralement ses réponses du tac au tac, sincères et sans sourciller. A l’image de sa détermination à se lancer dans un format manga à une époque où les auteurs européens ayant ouvert la voie peinaient encore à convaincre ceux qui ne juraient que par la BD nippone que des productions hors Japon pouvaient se mesurer aux auteurs de l’Archipel.

Un goût certain pour la fantasy

En choisissant d’écrire un manga shonen – un terme qui ne renvoie pas initialement à un genre mais fait désormais allusion aux codes que des séries comme Saint Seiya, Dragon Ball, One Piece ou Naruto ont entérinés –, Tony Valente a emprunté une voie du manga aussi épineuse (vu la concurrence) qu’évidente pour lui. Né en 1984, le dessinateur cite parmi ses héros préférés Son Goku et Ranma – avec Marty McFly de Retour vers le futur –, découverts dans le Club Dorothée dans un foyer où on ne lisait pas de BD.

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